La gestion de locations de courte durée sur Airbnb via une conciergerie soulève de nombreuses questions juridiques. Quelles sont les licences et autorisations nécessaires ? Quelles réglementations s’appliquent ? Comment se mettre en conformité ? Cet article fait le point sur les exigences légales à connaître pour exercer cette activité en toute légalité.
Le cadre juridique des conciergeries Airbnb
Les conciergeries Airbnb s’inscrivent dans le cadre légal des meublés de tourisme. Leur activité est encadrée par le Code du tourisme et soumise à diverses obligations. « Les conciergeries doivent respecter les mêmes règles que les propriétaires loueurs en matière de déclaration et d’autorisation », rappelle Maître Dupont, avocat spécialisé. Il convient donc de bien connaître la réglementation applicable aux locations de courte durée.
Au niveau national, l’activité est régie par la loi ALUR de 2014 et la loi ELAN de 2018. Ces textes ont notamment instauré :
– L’obligation de déclaration en mairie pour toute location de courte durée
– La limitation à 120 jours par an pour la location d’une résidence principale
– L’obligation d’obtenir une autorisation de changement d’usage pour les résidences secondaires
Les conciergeries doivent s’assurer que ces règles sont respectées pour tous les biens qu’elles gèrent. « La responsabilité de la conciergerie peut être engagée en cas de non-respect de la réglementation », prévient Maître Martin, avocate en droit immobilier.
Les licences et autorisations requises
Pour exercer légalement, une conciergerie Airbnb doit obtenir plusieurs licences et autorisations :
1. La carte professionnelle d’agent immobilier
C’est l’autorisation de base pour gérer des biens immobiliers pour le compte de tiers. Elle est délivrée par la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) après vérification des compétences et de l’honorabilité du demandeur. « La carte professionnelle est indispensable dès lors que l’on perçoit des fonds pour le compte de propriétaires », souligne Maître Dupont.
2. L’attestation de garantie financière
Elle garantit le remboursement des fonds détenus pour le compte des clients. Son montant minimum est fixé à 110 000 euros. « C’est une sécurité essentielle pour les propriétaires qui confient la gestion de leur bien », explique Maître Martin.
3. L’assurance responsabilité civile professionnelle
Elle couvre les dommages causés aux tiers dans le cadre de l’activité. Son montant doit être d’au moins 1,5 million d’euros.
4. L’immatriculation au registre du commerce
L’activité de conciergerie relève du statut commercial. Une immatriculation au Registre du Commerce et des Sociétés (RCS) est donc nécessaire.
5. Les autorisations locales spécifiques
Certaines villes imposent des règles supplémentaires. À Paris par exemple, un numéro d’enregistrement est obligatoire pour toute location de courte durée. « Les conciergeries doivent vérifier les réglementations locales pour chaque bien qu’elles gèrent », recommande Maître Dupont.
Les obligations fiscales et sociales
Les conciergeries Airbnb sont soumises à diverses obligations fiscales et sociales :
1. TVA
L’activité de conciergerie est assujettie à la TVA au taux de 20%. « La franchise en base de TVA ne s’applique pas aux prestations d’entremise immobilière », précise Maître Martin.
2. Impôt sur les sociétés ou impôt sur le revenu
Selon la forme juridique choisie, les bénéfices seront soumis à l’IS ou à l’IR. « Le choix du statut fiscal doit être étudié au cas par cas », conseille Maître Dupont.
3. Cotisations sociales
Les dirigeants et salariés sont affiliés au régime général de la sécurité sociale. Les charges sociales représentent environ 45% du salaire brut.
4. CFE et taxe foncière
La Cotisation Foncière des Entreprises (CFE) s’applique, ainsi que la taxe foncière pour les locaux professionnels.
5. Collecte de la taxe de séjour
Les conciergeries doivent collecter la taxe de séjour auprès des voyageurs et la reverser aux communes. « C’est une obligation souvent méconnue mais importante », souligne Maître Martin.
La conformité RGPD et protection des données
Les conciergeries Airbnb traitent de nombreuses données personnelles (propriétaires, voyageurs). Elles doivent donc se conformer au Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD).
Cela implique notamment :
– La tenue d’un registre des traitements
– La mise en place de mesures de sécurité adaptées
– L’information des personnes sur l’utilisation de leurs données
– La désignation d’un Délégué à la Protection des Données (DPO) dans certains cas
« La conformité RGPD est un enjeu majeur, avec des sanctions pouvant atteindre 4% du chiffre d’affaires », rappelle Maître Dupont.
Les contrats et conditions générales
Les conciergeries doivent établir des contrats solides avec les propriétaires et des conditions générales claires pour les voyageurs.
Le contrat avec le propriétaire doit préciser :
– L’étendue du mandat confié à la conciergerie
– Les modalités de rémunération
– Les responsabilités de chaque partie
– Les conditions de résiliation
« Un contrat bien rédigé est la meilleure protection contre les litiges », affirme Maître Martin.
Les conditions générales pour les voyageurs doivent couvrir :
– Les modalités de réservation et d’annulation
– Les règles d’utilisation du logement
– Les exclusions de responsabilité
« Les conditions générales doivent être facilement accessibles et acceptées par les voyageurs », recommande Maître Dupont.
Les risques juridiques et sanctions
Le non-respect des obligations légales expose les conciergeries à divers risques :
1. Amendes administratives
Elles peuvent atteindre 50 000 € par logement en cas de non-respect des règles de location de courte durée.
2. Sanctions pénales
L’exercice illégal de la profession d’agent immobilier est puni d’un an d’emprisonnement et 15 000 € d’amende.
3. Redressements fiscaux et sociaux
En cas de non-déclaration de revenus ou de cotisations.
4. Responsabilité civile
Les conciergeries peuvent être tenues responsables des dommages causés aux biens ou aux voyageurs.
« Une mise en conformité rigoureuse est essentielle pour éviter ces risques », insiste Maître Martin.
En définitive, l’exercice de l’activité de conciergerie Airbnb nécessite une connaissance approfondie du cadre légal et réglementaire. La mise en conformité peut sembler complexe mais elle est indispensable pour pérenniser son activité. Un accompagnement juridique est souvent nécessaire pour naviguer dans cet environnement réglementaire en constante évolution.